Table des matières

Sommaire "Réseau et communication"

L'architecture de l'IoT

[Mise à jour le 16/8/2022]

1. Les protocoles de l'IoT

Les objets se caractérisent par une capacité de traitement limitée et par une consommation énergétique réduite pour préserver l’autonomie imposée par une alimentation sur batterie. Or, les activités les plus consommatrices pour un équipement sont l’émission et la réception de données.

Pour maximiser l’autonomie des équipements, il faut revoir l’intégralité des protocoles, mais en les calquant sur les architectures existantes pour en assurer la compatibilité.

1.1 Les topologies de réseaux (Couche 1 et 2)

Les réseaux pour l’internet des objets peuvent être divisés en deux catégories : les topologies maillées (mesh) et étoilées (star).

L’utilisation principale de ces réseaux LPWAN est la télémétrie où un appareil envoie régulièrement des informations ou une alarme de temps en temps (par exemple des capteurs de température). Le débit et la taille des messages sont beaucoup plus réduits que dans le cas de réseaux maillés.

1.2 IPv6 et couches d'adaptation

Le protocole IP (niveau 3 de la pile protocolaire) offre une version uniforme du réseau quelle que soit la technologie de niveau 2.

Comme l’espace d’adresses d’IPv4 est presque saturé, les travaux pour l’internet des objets portent principalement sur IPv6 où la taille de l’adresse est étendue sur 128 bits offrant 296 fois plus d’adresses.

On peut aussi remarquer sur la figure ci-dessous que l'en-tête IPv6 comporte peu de champs. Ceux-ci ne varient pas d'un paquet à l'autre dans un flux donné. En revanche, la taille de l'en-tête IPv6 est doublée par rapport à son équivalent en version 4. Cet écart sera d'autant plus grand en regard des données transportées qui ne pèsent généralement que quelques octets (mesures d'une température…).

Une couche d'adaptation entre la couche IP et le niveau 2 est nécessaire puisque les niveaux 2 conçus pour l'internet des objets ne peuvent pas transporter naturellement de grands paquets. Deux actions sont mises en œuvre : compression de la taille des en-têtes pour réduire leur impact, et fragmentation pour découper le paquet en petites trames si la première mesure ne suffit pas.

Il existe deux grandes familles de couche d'adaptation :

1.3 UDP et CoAP

Pour poursuivre dans l’intégration des objets dans l’internet, le protocole CoAP (Constraint Application Protocol) [RFC 7252] se substitue à HTTP (couche 7). Il en reprend le mécanisme de nommage, d’utilisation des ressources, et les primitives de manipulation entre un client et un serveur.

La capacité de traitement du capteur et son alimentation en énergie sont souvent très limitées. La grande force de CoAP est d’être :

De ce fait, CoAP va manipuler des ressources, identifiées par des URI. Il est donc possible d'ancrer les données fournies par les objets dans l'écosystème actuel des communications entre ordinateurs, fortement structuré autour des principes REST.

La sécurité, en particulier le chiffrement des données, suit aussi les mêmes chemins que l’internet traditionnel. Il existe un chiffrement au-dessus d’UDP(couche 4) qui, à l’instar de HTTPS, chiffre les échanges.

2. Les réseaux LPWAN

Les progrès en traitement du signal permettent d'étendre la portée de transmission d’un objet et éviter d’avoir à relayer l’information.

En effet, la construction d’un maillage est une opération qui peut être coûteuse en énergie et qui va de toute façon demander à chaque nœud du réseau de partager son énergie pour relayer les messages des autres.

Pour simplifier les infrastructures, une nouvelle catégorie de réseaux est apparue, dédiée à l’internet des objets : les LPWAN (Low Power Wide Area Network).

Comme leur nom l’indique, ces réseaux couvrent une large étendue (de l’ordre de 2 km en ville et 15 km sans obstacle) pour une faible consommation d'énergie. En contrepartie, le trafic est très limité et s’en tient à une centaine de messages par jour.

Sigfox
Pionnier de cette technologie, Sigfox définit son propre protocole de transmission et opère son réseau dans un grand nombre de pays.

LoRa
D'autres technologies radio présentent des performances similaires à Sigfox, en particulier la modulation LoRa. La LoRa Alliance regroupant des industriels à défini le standard LoRaWAN. L'approche commerciale est différente de Sigfox. Sigfox fédère le marché en ayant défini le standard permettant aux objets de communiquer avec des applications généralement situées dans le cloud. La LoRa Alliance repose sur une modulation propriétaire intégrée aux composant produit par la société Semtech, mais il n'y a pas un unique réseau LoraWAN.
Des opérateurs, comme en France Bouygues Télécom et Orange offrent une couverture nationale, mais d'autres initiatives existent, comme The Things Network qui propose une approche collaborative ; des propriétaires d'antenne LoRaWAN les mettent à disposition de la communauté pour construire un réseau mondial. Il est également possible de déployer son propre réseau LoRaWAN pour couvrir un domicile, une entreprise, une ville, …

Contrainte des LPWAN sur fréquences non licenciées
Sigfox et LoRaWAN opèrent dans la bande non licenciée des 868 MHz qui offre une faible atténuation et une bonne pénétration dans les bâtiments.

Pour permettre un accès équitable, le régulateur impose qu’un émetteur n’émette pas plus qu'un pourcentage du temps. Ce pourcentage dépend de la fréquence et varie entre 0.1% et 10%.

Si, pour un objet, ce n’est pas une contrainte, cela le devient pour les stations de l’infrastructure qui doivent limiter les transmissions vers les objets.

Le mécanisme le plus populaire est le duty-cycling où le nœud désactive la communication pendant un certain temps, proportionnel au temps de transmission. Ainsi pour un duty-cycle de 1%, l'émission d’une trame de 1 seconde impose un silence de 99 secondes, soit 1 minute et 39 secondes (voir figure ci-dessous).

Cette contrainte est imposée aussi bien aux objets qu’aux antennes des opérateurs. Ce type de réseau est donc bien adapté pour le relevé d’informations sur le terrain.

Les LPWAN ont une architecture en étoile autour d’une Radio Gateway, généralement placée sur un point haut et disposant d’une capacité de traitement de signal sophistiqué pour détecter une communication noyée dans le bruit des autres transmissions. Les objets peuvent rester simples et peu coûteux. Les débits sont relativement faibles, de l’ordre de la centaine de bits ou kilobits par seconde pour des messages d’une dizaine à une centaine d’octets.

Les réseaux LPWAN ont les caractéristiques suivantes :

Un objet Sigfox peut envoyer jusqu’à 140 messages par jour (la taille de la charge utile pour chaque message est de 12 octets). Dans le sens contraire, Sigfox n'autorise que 4 messages de 8 octets chacun pour configurer l'équipement.

LoRaWAN est moins contraint, les opérateurs n'imposent pas de limitation sur le nombre de messages émis par un objet, s'il reste dans la contrainte du duty cycle, en revanche les messages vers les objets sont limités ou facturés.

Réseau LPWAN sur fréquence spécifique
Arrivé plus tardivement sur le marché, le 3GPP, avec l'évolution des protocoles de 4G et en ligne de mire la 5G, propose également un mode économe en énergie qui s’apparente aux technologies LPWAN. En bénéficiant de l’infrastructure et des fréquences des opérateurs, les limitations imposées sur les fréquences non licenciées tombent, la bande de fréquence peut être utilisée à 100% en émission et réception pour les objets rattachés à un opérateur.

Les communications vers les objets sont facilitées et le réseau peut coordonner leur instant d'émission, autorisant de futurs usages comme les communications avec les véhicules ou les robots.